Le Centre Historique a sa fondation !

A quelques encablures du Zocalo, la Fundación del Centro Histórico abrite une des initiatives d’action sociale les plus intéressantes de la ville. De nombreuses activités sont proposées, dans le but de tirer vers le haut ce quartier en partie sinistré. Le mot "reconstruction" prend alors tout son sens

Karen Hernandez, directrice du mécénat de la Fondation (Photo : D.R.)

Dans le sillage de sa Fondation Telmex, le richissime et toujours ambitieux Carlos Slim s'est doté d'une arme de choix pour aider à réhabiliter le Centre Historique de Mexico. La Fundación del Centro Histórico, née en 2002, est une institution totalement autonome, gérée par et pour les habitants du quartier. 
Face à la dégradation de l’habitat et aux problèmes de qualité de l’eau aux abords du Zocalo, la Fondation se démarque de ses consoeurs en imaginant une reconstruction durable, qui passe par l’éducation des mentalités. En effet, si la réhabilitation du Centre ne peut être conçue sans le soutien de ceux qui l'habitent, il faut commencer par lui assurer des fondations solides. La métaphore est idéale : les enfants doivent être les premiers aidés.
L’activité commence dans les écoles, par la détection d'éventuelles addictions (drogue, alcool) et leur traitement, la vaccination des enfants et l’incitation des parents à assister aux conférences mensuelles sur les problèmes de santé, d’éducation et de financement. Les conditions pour bénéficier de l’aide sont simples : habiter le Centro et avoir de très faibles revenus. Par l’intermédiaire du Centre d’Intégration Familiale Allende, principal organe de diffusion de l’aide, on tente aussi de recomposer le tissu familial ; le foyer doit rester le premier vecteur de transmission des messages.

 
"Eviter le paternalisme"
Eliminer l'origine des maux plutôt que les symptômes, c’est l’obsession des administrateurs de la Fondation. En témoigne le système de micro-crédit mis en place pour inciter les chômeurs à créer leur entreprise. Peu à peu, ces vœux de moins en moins pieux portent leur fruit, redorant l’image de ce quartier extrêmement vivant. Karen Hernandez, directrice du mécénat, donne le ton : "Nous évitons le paternalisme dans toutes nos actions : les vaccins sont payants (prix symbolique, ndlr), nous travaillons main dans la main avec les écoles pour proposer une forme alternative d’autorité et d’éducation, mais toujours dans un souci de responsabilisation des jeunes et des parents". Les bénéficiaires de l’aide doivent donner de leur temps aux activités de la Fondation – ateliers de sports, d’art, soutien psychologique. Sur place, deux médecins à plein temps auscultent, vaccinent et redirigent vers des centres de désintoxication, des institutions pour les mères mineures...
"Les dons permettent des réductions d’impôt, mais nous ne percevons aucune subvention publique. Notre indépendance et notre efficacité sont à ce prix". Reste, pour Karen Hernandez, à améliorer la communication, dans un Centre Historique où la visibilité est difficile. Si la notoriété de la Fondation est déjà grande, la nature exacte de ses activités est encore floue pour beaucoup. Voici, espérons-le, une pierre de plus à cet édifice !

David ROBERT