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3 janvier 2007 3 03 /01 /janvier /2007 09:57

MALGRÉ l’injustice qui règne dans ses campa gnes, le Mexique est le seul pays, en Amérique latine, à ne pas avoir connu de guérilla au cours des « trois décennies révolutionnaires » (1959-1989). Pour trois raisons : sa longue tradition anti-impérialiste ; son statut de sanctuaire pour la plupart des chefs des guérillas ; et ses bonnes relations avec Cuba. Avec l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), le 1er janvier dernier (date choisie symboliquement par les insurgés zapatistes), ces trois raisons tombent. Le Mexique semble renier l’Amérique latine et choisir le Nord ; en même temps, il prend ses distances avec M. Fidel Castro, qui contrôle, moins que jamais, les mouvements révolutionnaires. Alors, la colère des Indiens, misérables et exploités, du Chiapas peut enfin exploser. Cette révolte ne peut être appréciée lucidement si l’on ignore ses racines historiques. En effet, le schéma de l’injustice dans laquelle se débattent les habitants du Chiapas pourrait facilement s’appliquer à d’autres pays d’Amérique latine où survivent des Indiens. Néanmoins, les particularités locales et les nouvelles orientations de la politique nationale mexicaine (1) n’ont fait qu’aggraver des contradictions déjà profondes au point de les rendre explosives. L’Etat du Chiapas se trouve dans le sud-est du Mexique. Il est limité au nord par l’Etat de Tabasco, au sud par l’océan Pacifique, à l’ouest par les Etats d’Oaxaca et de Veracruz, à l’est et au nord-est par le Guatemala. Sur l’ensemble des Etats qui forment le Mexique, le Chiapas se distingue par une plus grande concentration d’Indiens d’origines diverses : Tzoltzil-Tzeltal, Lacandones et Tojobales. Ils sont organisés en « communautés » reconnues comme des entités juridiques. La plupart d’entre eux sont confinés dans les régions les plus hautes (1 500 mètres d’altitude). C’est d’ailleurs l’une des conséquences des expropriations massives de leurs terres pendant la période coloniale, auxquelles ils s’opposèrent par les armes, notamment lors de la terrible rébellion des Tzeltales en 1712. Après l’indépendance du Mexique (1821) et l’annexion du Chiapas (1842), rattaché jusqu’alors au Guatemala, on constata un ralentissement de l’extension de la grande propriété seigneuriale, dû essentiellement aux révoltes indiennes. Cependant, la mauvaise qualité des terres, dont l’usage dépend des conditions climatiques, prédispose les Indiens au système d’exploitation inique : l’embauche forcée (enganche), le travail gratuit et obligatoire que les Indiens doivent fournir aux propriétaires terriens en échange d’un petit lopin de terre (baldio), les endettements à vie (deudas vitalicias), etc. On distingue, grosso modo, deux fractions dans le groupe hégémonique du Chiapas. L’une, conservatrice, la plus puissante, a pour bastion la ville de San-Cristobal-de-Las-Casas (baptisé ainsi en l’honneur du fameux prêtre dominicain Bartolomé de Las Casas, défenseur des Indiens, qui y fut évêque), ancienne capitale du Chiapas. Cette fraction tire sa richesse des grandes plantations de café, de canne à sucre et de cacao. L’autre, plutôt « libérale », a pour principale activité économique l’élevage. La ville de Tuxtla-Gutierrez, capitale de l’Etat du Chiapas depuis 1892, en constitue le fief. Autour de ces deux grands centres gravitent d’autres villes plus ou moins importantes, comme Comitan, Ocosingo... L’exploitation des richesses du Chiapas repose sur le travail et la servitude séculaire des Indiens, toujours en vigueur malgré la promulgation de certaines lois l’interdisant. Les Indiens sont réduits, compte tenu des maigres profits que leur procurent l’agriculture et l’artisanat, à vendre leur force de travail, une partie de l’année, notamment dans les plantations de café de la région du Soconusco. Par ailleurs, le Chiapas s’est toujours distingué par un fort esprit d’autonomie. C’est en effet lors de la constitution d’un Etat fort, sous le régime de Porfirio Diaz, et afin de mettre un terme à la parcellisation du Mexique faisant suite aux bouleversements de l’indépendance que la question de l’intégration effective du Chiapas à la vie politique et économique du pays a été posée. De 1891 à 1910, l’Etat du Chiapas était gouverné par des hommes de confiance de Porfirio Diaz, dont Ramon Rabasa, qui était chargé de réduire les franchises locales, bref de faire en sorte que les deux fractions dominantes du Chiapas s’intègrent aux projets fédéraux et se soumettent à l’autorité de l’Etat central. Les féodaux du Chiapas répondront à cette politique par un renforcement de leur attitude paternaliste : ils s’érigeront, en effet, en protecteurs « naturels » des Indiens, leur reconnaîtront quelques droits et valoriseront certains aspects de leur culture. En fait, il s’agissait, pour eux, de s’assurer par tous les moyens la fidélité des Indiens face à la mise en place progressive d’un capitalisme dépendant dans le Chiapas. La révolution mexicaine de 1910 va accentuer l’intégration du Chiapas dans l’ensemble mexicain. Le président Carranza (1914-1920) essaya d’imposer, par la force, au Chiapas les lois constitutionnelles : réorganisation des propriétés, loi contre l’usure, régulation du travail salarié, réforme de l’éducation, réduction du pouvoir de l’Eglise, etc. Tout un ensemble de mesures remettant en question les fondements matériels et idéologiques du groupe dominant. La politique de Carranza amena les deux fractions à suspendre momentanément leurs propres divergences et à lutter contre les « nordistes », contre les « envahisseurs ». La pseudo-réaction patriotique des puissants du Chiapas se traduisit par un soulèvement armé contre les troupes gouvernementales. Les « Mapuches » - ainsi se dénommaient les milices du Chiapas constituées de féodaux et d’Indiens - viendront à bout des troupes de Carranza peu avant 1920. L ES années 20 furent marquées, au Mexique, par une volonté d’arriver à un consensus national qui puisse mettre un terme au « désordre » et au « chaos » engendrés par la révolution. Cette recherche se solda par les assassinats d’Emiliano Zapata (au sud) et de Pancho Villa (au nord), frustrant ainsi du même coup les espoirs d’un mouvement agraire paysan. Les intérêts des riches propriétaires du Chiapas furent de ce fait préservés. Le président Lazaro Cardenas (1934-1940), conduisant une politique populiste, relancera l’idéal des réformes révolutionnaires dans le Chiapas. Ce mouvement connaîtra deux phases : l’une (1936-1938), populaire, où l’on engagea - tant bien que mal - la réforme agraire (confiscation et fractionnement des grandes propriétés, concession des terres aux Indiens, etc.) ainsi que la consolidation du salaire minimum pour les ouvriers agricoles ; l’autre (1938-1940) se caractérisa au contraire par un repli dans la politique de réformes. En effet, une série de circonstances internationales (la seconde guerre mondiale) et nationales (l’étatisation de l’industrie pétrolière, la rébellion du général Cedillo contre Cardenas) conduisirent, une fois de plus, à la recherche d’une paix interne et, avec elle, au ralentissement, pour ne pas dire à l’abandon, de la politique de réforme dans le Chiapas. Les différents gouvernements qui se sont succédé depuis ne feront qu’aggraver la situation : les réformes prévues par la Constitution issue de la révolution seront pratiquement enterrées. Vers les années 70, l’intégration du Chiapas au Mexique était irréversible (construction des routes, développement de l’administration, promotion du tourisme, création d’écoles publiques, etc.). Néanmoins, cette transformation ne changera véritablement rien à la tragique situation des populations indiennes, qui demeurent les grandes absentes de l’histoire mexicaine. Les insurgés du Chiapas, se réclamant de l’idéal révolutionnaire de Zapata, viennent rappeler cruellement leurs aspirations légitimes que les vaines promesses officielles n’arrivent pas à juguler : la réforme agraire, le droit au respect et à une vie décente, et la réparation des exactions impunément commises pendant des siècles à leur encontre.

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